Et si la cause de votre mal-être n’était pas extérieure, mais liée à des parties de vous que vous avez apprises à rejeter ?
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Pourquoi rejetons-nous certaines parties de nous-mêmes ?
Le rejet de certaines parties de soi n’est pas une erreur, ni un signe de faiblesse intérieure. C’est un mécanisme de protection profondément humain, souvent mis en place très tôt, dans un contexte où il n’était pas sûr ou possible d’être entièrement soi.
Dans l’enfance, nous sommes entièrement ouverts, sensibles, perméables. Chaque émotion est vécue dans son intensité pleine : la joie est totale, la peur est immense, la tristesse est abyssale. Et pour qu’un enfant puisse rester en lien avec ses émotions tout en se développant harmonieusement, il lui faut un environnement capable d’accueillir ce qu’il ressent.
Or, lorsqu’une émotion (comme la colère, la peur, la jalousie, le besoin d’attention ou même l’élan de joie) n’est pas reconnue ou validée, l’enfant en tire une conclusion implicite mais puissante :
« Ce que je ressens n’est pas bien. Donc une partie de moi n’est pas acceptable. »
Plutôt que de remettre en question ses parents ou le cadre affectif, l’enfant rejette la partie de lui qui dérange, pour préserver ce qui est le plus vital à cet âge : le lien d’attachement.
Un mécanisme de survie : écarter pour ne pas être submergé
Ce rejet de soi prend souvent la forme d’un refoulement ou d’une dissociation. Quand une expérience devient trop intense, trop déroutante ou trop douloureuse, le psychisme la met à distance. Ce peut être :
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une émotion (colère, peur, chagrin),
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une pulsion (désir, agressivité),
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un besoin (d’amour, de reconnaissance, de présence),
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un souvenir difficile ou confus,
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une sensibilité ou une force mal reçue par l’entourage (intuition, créativité, empathie…).
Ce processus permet de rester fonctionnel, de continuer à vivre et à se développer. Il est, dans bien des cas, nécessaire. Mais ce qui est rejeté ne disparaît pas : cela s’enfouit dans l’inconscient et continue d’exister en silence.
Les mécanismes de protection dans l’enfance
Le Dr Daniel Siegel, spécialiste du développement du cerveau chez l’enfant, insiste sur une réalité fondamentale : le cerveau des enfants n’est pas encore équipé pour réguler seul des émotions intenses. Les circuits de l’autorégulation émotionnelle (notamment dans le cortex préfrontal) sont encore en construction, et ne peuvent fonctionner correctement qu’avec l’aide d’un adulte présent, sécure et empathique.
Lorsque cet accompagnement manque — que les émotions de l’enfant sont ignorées, minimisées, ridiculisées ou punies — l’enfant développe des mécanismes de protection pour ne pas être submergé. Ce ne sont pas des choix conscients, mais des réflexes de survie affective. Le système nerveux et le psychisme mettent alors en place différentes stratégies :
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le repli (se refermer, se taire, ne plus exprimer),
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le gel (anesthésier ce qui est ressenti, se couper),
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le déni (faire comme si le besoin ou l’émotion n’existaient pas).
L’apprentissage du désaveu de soi
Dans cette dynamique, l’enfant n’apprend pas à gérer ses émotions, il apprend à s’en couper. Et plus encore, il apprend à rejeter certaines parts de lui-même pour rester acceptable aux yeux de ses figures d’attachement. C’est une logique simple et terrible :
« Si ce que je ressens fait fuir ou fâche l’adulte, alors je dois arrêter de le ressentir. »
Ainsi, peu à peu :
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La colère devient inacceptable : elle fait peur, elle dérange, elle attire des reproches. L’enfant apprend à l’enfouir — ou à la retourner contre lui-même.
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La tristesse est perçue comme un signe de faiblesse ou comme un poids pour les autres. Alors on la tait, on la masque, on se force à sourire.
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La joie exubérante, l’élan spontané, la vitalité parfois bruyante deviennent « trop ». L’enfant se rétracte, apprend à se modérer, à « faire attention », à ne pas déranger.
Un moi acceptable… mais incomplet
Ce processus aboutit à la formation d’un « moi socialement acceptable », adapté, fonctionnel, souvent apprécié pour sa gentillesse, sa maturité ou sa discrétion. Mais ce moi est incomplet. Il repose sur l’exclusion silencieuse de certaines parts vivantes : des émotions, des désirs, des besoins, des intuitions, parfois même des qualités profondes.
Ce moi est comme un masque que l’on porte sans s’en rendre compte — un masque qui a permis de préserver l’amour et la sécurité relationnelle, mais qui finit, à l’âge adulte, par étouffer l’élan vital.
Ce que l’enfant n’a pas pu exprimer a été rangé dans l’ombre, non parce que c’était mauvais, mais parce que cela n’avait pas trouvé d’espace d’accueil.
Reconnaître ces mécanismes de protection, c’est faire un pas vers la guérison. C’est comprendre que ce qui a été écarté n’a jamais cessé d’exister — et qu’il attend peut-être encore aujourd’hui, patiemment, d’être reconnu et ramené dans la lumière de la conscience.
L’amputation émotionnelle : une dissociation invisible
Lorsque les mécanismes de protection émotionnelle s’installent durablement — pour faire face à des blessures, des manques ou des environnements insécures — ils finissent par provoquer une forme de dissociation interne, souvent silencieuse et invisible. Ce phénomène, que l’on pourrait appeler « amputation émotionnelle », désigne la perte de contact avec certaines zones de soi, en particulier celles liées au ressenti, à la vulnérabilité et à l’élan affectif.
Ce n’est pas que les émotions n’existent plus : c’est que nous n’y avons plus directement accès.
Une stratégie de survie devenue état intérieur
Au départ, ce processus est une stratégie de survie, parfois vitale : lorsque les émotions sont trop douloureuses, incomprises ou jugées inacceptables dans l’enfance, le psychisme apprend à les mettre à distance. Cette mise à l’écart permet à l’enfant de continuer à fonctionner, d’être « sage », de ne pas perdre l’amour ou l’approbation de ses figures d’attachement.
Mais avec le temps, cette stratégie ne s’arrête pas. Elle devient un état intérieur permanent, un mode d’être où certaines émotions — la peur, la tristesse, la tendresse, la colère, la joie pleine — ne sont plus pleinement accessibles.
Dissociation et fragmentation du soi
Le psychiatre Bessel van der Kolk, dans son ouvrage Le corps n’oublie rien, explique comment les traumatismes — même subtils, répétés ou émotionnellement diffus — provoquent une fragmentation de l’identité. Ce n’est pas forcément un trauma « choquant » au sens classique, mais des expériences répétées d’insécurité affective, de solitude émotionnelle, de honte silencieuse, qui finissent par désorganiser le lien entre le corps, les émotions et le sentiment d’existence.
Le résultat : une dissociation invisible mais profonde. Nous devenons des adultes :
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performants,
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compétents,
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responsables…
… mais émotionnellement absents.
Fonctionner sans ressentir
Dans cet état dissocié :
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La joie devient mécanique, sans profondeur ni expansion réelle. Elle est mimée, plutôt que ressentie.
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La tristesse devient honteuse, immédiatement réprimée ou minimisée, comme si elle n’avait pas sa place.
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Le besoin de lien est mal assumé, perçu comme une faiblesse ou une menace à l’indépendance.
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Le corps est tenu à distance, vécu comme un outil à maîtriser plus qu’un espace de sensibilité à habiter.
Nous savons penser, agir, décider — mais nous avons désappris à sentir.
Un mode de vie… qui étouffe la vie
Cette forme d’amputation émotionnelle peut sembler confortable sur le plan fonctionnel : elle évite les débordements, les conflits intérieurs, les prises de risques affectives. Mais elle étouffe l’élan vital. Elle prive l’existence de sa profondeur, de sa nuance, de son intensité. Elle maintient un fond de vide, de distance, d’incomplétude.
On ne souffre pas forcément bruyamment. Mais on ne vit pas pleinement.
Nommer cette dissociation est un acte de lucidité et de tendresse : ce n’est pas un échec personnel, mais la trace d’une adaptation ancienne, qui demande maintenant à être revue, traversée, et réintégrée. Car ce qui a été amputé peut, avec le temps, être ramené dans l’espace vivant de la conscience — pour que ressentir ne soit plus une menace, mais un chemin de retour à soi.
Les jugements intérieurs : la racine de l’auto-rejet
Lorsque nous rejetons certaines parts de nous-mêmes — émotions, besoins, fragilités — ce rejet ne reste pas silencieux. Il s’exprime sous forme de voix internes, de commentaires mentaux, souvent si habituels que nous n’en percevons plus la violence. Ces voix sont les gardiennes du refoulement : elles veillent à ce que ce qui a été jugé inacceptable reste bien enfermé.
Quelques exemples familiers :
« Je suis trop sensible »
« Je devrais être plus fort »
« Ce que je ressens est ridicule »
« Je dramatise tout »
« Je n’ai pas le droit de me plaindre »
« D’autres ont vécu bien pire »
Ces phrases ne sont pas simplement des pensées : elles sont des verdicts intérieurs, souvent répétés depuis l’enfance, et devenus des réflexes de jugement automatique.
Des jugements hérités
Ces voix ne viennent pas de nulle part. Elles sont héritées : de l’éducation, de la culture, de nos premiers environnements affectifs. Ce sont parfois les mots que d’autres ont posés sur nous, ou les silences qui nous ont laissés seuls avec notre ressenti.
Un enfant qu’on a peu écouté dans sa tristesse ou moqué dans sa peur intériorise l’idée que ce qu’il ressent est de trop. Ce qu’il comprend, ce n’est pas « je ressens quelque chose », mais « ce que je ressens est inacceptable ». Alors il commence à se corriger de l’intérieur — à se couper de lui-même pour être conforme.
Une division intérieure douloureuse
Ces jugements créent une division psychique :
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D’un côté, la part vivante : celle qui ressent, qui a besoin, qui est touchée, vulnérable, spontanée.
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De l’autre, la part critique : celle qui juge, qui surveille, qui dit « ce n’est pas comme ça qu’il faut être. »
Cette division empêche l’accueil de soi. Elle transforme la moindre émotion en problème à corriger. Elle entretient la honte : cette sensation insidieuse qu’il y a en nous quelque chose de défectueux, de « trop », de fondamentalement mauvais.
Guérir les parties de soi commence par l’écoute
Pour guérir cette blessure, il ne suffit pas de se dire le contraire : « Je suis bien comme je suis. »
Il faut d’abord entendre la voix du jugement, la reconnaître pour ce qu’elle est : une protection apprise, pas une vérité. Ensuite, créer un espace intérieur où ce qui était jugé peut être accueilli, sans justification, sans performance, sans condition.
Ce que vous ressentez n’est pas ridicule.
Ce que vous avez besoin ne fait pas de vous quelqu’un de faible.
Votre sensibilité n’est pas un problème. C’est une porte vers vous-même.
Et chaque fois que vous choisissez d’écouter avec tendresse au lieu de corriger par la honte, vous réparez une petite fracture. Une fissure dans ce mur intérieur. Et c’est ainsi que la réunification commence.
« La honte est l’émotion qui nous fait croire qu’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais en nous. » – Brené Brown
Fragmentation du soi : l’éloignement de notre vérité
Lorsque nous apprenons, souvent très tôt, à mettre de côté certaines émotions, besoins ou élans spontanés, nous ne faisons pas que nous adapter — nous nous éloignons de notre vérité intérieure. Nous commençons à jouer un rôle : celui de la personne aimable, forte, gentille, calme, indépendante, performante… Une version de nous-mêmes taillée pour correspondre à ce qui est attendu — ou du moins, à ce que nous croyons devoir être pour rester aimé.
Le psychanalyste Carl Jung appelait cela l’Ombre : toutes les parties de nous que nous avons reléguées dans l’inconscient parce qu’elles ont été jugées indésirables — par l’entourage, la société, ou nous-mêmes. Cela peut être la colère, la peur, la sensualité, la tristesse, mais aussi des aspects lumineux : la créativité, la joie pleine, la confiance, la capacité à dire non.
Ce que nous cachons finit par nous coûter
À force de maintenir cette dissociation — ce fossé entre l’image que nous montrons et ce que nous ressentons — nous nous fragmentons. Cette fragmentation, au départ protectrice, finit par nous priver de ce qui fait notre puissance vivante.
Nous continuons à fonctionner, à répondre aux attentes, à être « à la hauteur », mais quelque chose s’éteint :
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La vitalité devient mécanique.
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La joie se fait rare ou artificielle.
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La créativité s’assèche.
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L’amour devient conditionnel, distant ou en demande.
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Et surtout, un vide intérieur s’installe — une impression diffuse mais tenace de ne pas être vraiment soi.
Une vie tournée vers l’extérieur pour combler l’intérieur
Quand le lien à notre vérité profonde est coupé, nous cherchons à l’extérieur ce que nous avons abandonné à l’intérieur. L’amour, la reconnaissance, le sentiment de valeur, la sécurité — tout cela devient dépendant des autres, des résultats, de l’approbation.
C’est une quête sans fin, car ce que l’extérieur donne ne remplit jamais un vide intérieur né du rejet de soi. Pire : plus on cherche à être comblé de l’extérieur, plus on renforce la croyance que « ce que je suis ne suffit pas. »
Retrouver l’unité, c’est redevenir vivant
La fragmentation n’est pas irréversible. Elle peut être réparée, non pas en devenant « meilleur », mais en revenant à la totalité de ce que l’on est. Cela commence par une démarche d’accueil : oser regarder dans l’Ombre non pas ce qui est « mal », mais ce qui a été abandonné trop tôt.
C’est là que résident :
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notre puissance authentique (celle qui vient de la vérité, non du contrôle),
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notre créativité profonde (celle qui naît du lien vivant à soi),
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notre capacité à aimer vraiment (dans la transparence, sans jouer un rôle).
Revenir à soi, c’est arrêter de jouer. Non pas pour tout montrer brutalement, mais pour ne plus avoir à se cacher.
C’est là que commence la liberté d’être, et avec elle, le retour à une vie pleinement habitée.
Témoignage : Camille, 34 ans — « J’étais fonctionnelle… mais éteinte »
« J’étais celle sur qui on pouvait toujours compter. Organisée, calme, sans vague. Mais je ne sentais plus rien. Je ne pleurais jamais. Jusqu’au jour où une simple méditation m’a fait fondre en larmes. J’ai compris que je n’avais pas besoin d’être forte, j’avais besoin d’être vraie. »
Le témoignage de Camille met en lumière un paradoxe fréquent mais peu exprimé : celui de personnes qui « vont bien » en apparence — stables, responsables, fiables — mais qui, intérieurement, vivent comme déconnectées de leur propre vie.
Camille ne manque de rien d’extérieur, mais elle se sent absente d’elle-même. Sa capacité à gérer, à répondre aux attentes, à tout organiser sans bruit, est devenue un masque d’efficacité. Un rôle qui la protège… mais qui l’éloigne d’elle-même.
Et c’est dans un moment de silence, sans attente, sans performance — une simple méditation — que la carapace cède, et qu’une émotion longtemps contenue surgit. Non pas comme une crise, mais comme un appel du vivant.
Ce basculement — du besoin d’être forte au besoin d’être vraie — est un tournant intérieur majeur. Il marque le passage de la survie à la vie. De la conformité à l’authenticité. Il ne s’agit plus de tenir, mais de sentir.
Le parcours de Camille nous rappelle que ce n’est pas le dysfonctionnement qui blesse le plus, mais l’auto-effacement, cette façon d’exister sans jamais vraiment se rencontrer. Et que parfois, une seule larme peut contenir toute une renaissance.
Quand le corps parle : les conséquences somatiques du rejet
Lorsque certaines émotions, besoins ou blessures sont refoulés ou niés de manière répétée, ce que la psyché ne peut pas intégrer le corps finit par l’exprimer. C’est ce que le médecin et auteur Gabor Maté explore en profondeur dans son ouvrage Quand le corps dit non. Selon lui, le corps devient le théâtre de conflits émotionnels non résolus, souvent restés inconscients pendant des années.
« Si vous ne ressentez pas vos émotions, vous les somatiserez. » – Gabor Maté
Ce constat, à la fois simple et radical, renverse une idée bien ancrée : ce n’est pas en « tenu » que l’on reste en bonne santé, mais en sentant.
Quand nous n’osons pas (ou ne pouvons pas) ressentir ce qui se passe en nous, notre énergie ne disparaît pas. Elle se déplace dans le corps, où elle cherche une issue. Et quand elle ne peut pas circuler, elle se fige, se cristallise, se manifeste sous forme de symptômes.
Le corps, messager silencieux
Gabor Maté met en lumière de nombreux exemples de liens entre vécu émotionnel refoulé et pathologies physiques, notamment :
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Maladies auto-immunes, où le système immunitaire se retourne contre le corps, comme si le rejet de soi devenait biologique.
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Migraines, souvent liées à une tension intérieure non exprimée, à des conflits entre ce que l’on ressent et ce que l’on montre.
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Fatigue chronique, signe que l’énergie vitale est utilisée non pas pour vivre, mais pour contrôler, masquer, retenir.
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Douleurs inexpliquées, comme des signaux du corps pour rappeler une détresse que le mental ne veut pas voir.
Ces manifestations ne sont pas « dans la tête ». Elles sont réelles, tangibles, physiques — mais leur origine peut être émotionnelle, enracinée dans une ancienne séparation intérieure non reconnue.
Le coût de la division intérieure
Lorsque nous vivons dans une lutte permanente contre une partie de nous-mêmes, une part importante de notre énergie vitale est mobilisée pour maintenir cette division.
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Énergie pour contrôler ce qui ne doit pas surgir.
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Énergie pour paraître calme quand on est en détresse.
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Énergie pour être fort quand on a besoin d’aide.
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Énergie pour rester souriant quand on a envie de pleurer.
À long terme, cette mobilisation constante épuise le corps. Non pas parce que nous sommes faibles, mais parce que nous vivons en désaccord avec nous-mêmes. La tension psychique devient tension corporelle, puis douleur, puis maladie parfois.
Vers une réconciliation incarnée
Le corps ne trahit pas : il révèle. Et lorsqu’il commence à parler, ce n’est pas pour punir, mais pour nous inviter à revenir à l’écoute, à retrouver un chemin vers l’unité intérieure.
Ce retour ne consiste pas à « positiver » ou à « gérer son stress », mais à accueillir ce qui a été trop longtemps mis à distance. À sentir, à pleurer, à exprimer, à intégrer. Non pour se libérer du corps, mais pour réapprendre à l’habiter avec vérité.
Le chemin de la réconciliation passe aussi par là :
non seulement ressentir avec le cœur, mais écouter avec le corps.
Guérir les parties de soi ne veut pas dire changer, mais s’unifier
La guérison n’est pas un processus de transformation radicale ou d’éradication de ce qui ne va pas. Elle n’est pas non plus un projet de perfection personnelle. Guérir, au sens profond, c’est s’unifier — c’est cesser de vivre en morceaux, en opposition avec soi-même.
Se réconcilier avec soi, c’est revenir vers ce qui a été exilé : les émotions que nous avons rejetées, les besoins que nous avons étouffés, les parts de nous que nous avons jugées honteuses, « trop », « pas assez », ou « inappropriées ».
Ce n’est pas une réinvention de soi, mais une reconnexion à ce qui, en nous, attend d’être reconnu et aimé.
Les passages intérieurs
Ce chemin demande de traverser plusieurs seuils symboliques, souvent douloureux mais libérateurs :
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Du rejet à l’accueil : ne plus repousser ce qui dérange, mais lui faire une place. Non pas pour l’encourager, mais pour cesser de le diaboliser.
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Du contrôle à la confiance : relâcher peu à peu les mécanismes de maîtrise, et apprendre à faire confiance à l’intelligence du vivant en soi.
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Du masque à la vulnérabilité : oser être vu dans sa vérité, sortir de la façade pour rencontrer l’autre — et soi-même — sans défense inutile.
Ce ne sont pas des injonctions, mais des invitations : à se rencontrer là où l’on s’était quitté, à s’écouter là où l’on s’était tu.
🛠️ 5 clés pour initier une réconciliation intérieure
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Accueillez sans corriger : Autorisez-vous à ressentir sans justifier. L’émotion n’a pas besoin d’être rationnelle pour être entendue.
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Faites un scan corporel : Que ressentez-vous dans votre ventre, vos épaules, votre gorge ? Le corps est la porte d’entrée vers l’inconscient.
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Nommez vos parts intérieures : Imaginez les émotions comme des personnages intérieurs. Quel âge ont-ils ? Que veulent-ils vous dire ?
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Offrez un “oui” d’amour : Chaque émotion refoulée cherche un accueil. Dites “oui” avec douceur. Cela suffit parfois à tout changer.
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Entourez-vous : Rejoignez un groupe de parole, trouvez un thérapeute bienveillant. Le lien guérit ce qui a été blessé dans la relation.
La paix vient de l’unification, pas de l’effort
La paix intérieure n’est pas une récompense réservée à ceux qui auront tout compris, tout résolu, tout maîtrisé. Elle ne naît pas de la performance, ni d’un contrôle parfait de soi.
Elle émerge naturellement lorsque ce qui était divisé en nous commence à se réunir.
Ce que vous rejetez vous divise.
Ce que vous accueillez vous guérit.
La réconciliation intérieure, ce n’est pas un aboutissement idéalisé. Ce n’est pas devenir sage, impeccable, ou lumineux à chaque instant.
C’est devenir entier.
C’est faire de la place, en soi, pour toutes les voix : la peur, la force, le doute, l’élan, la colère, la tendresse.
C’est retrouver la cohérence d’un être humain complet, non fragmenté.
Retrouver l’élan vital
Dans cette unité retrouvée, vous reconnectez quelque chose de profondément vivant :
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votre énergie n’est plus gaspillée à maintenir des masques ou à fuir des émotions ;
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votre joie redevient fluide, non conditionnée, sans justification ;
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votre vérité peut s’exprimer avec simplicité, sans surcompensation ni camouflage.
Ce n’est pas un état figé, mais un mouvement vivant d’ouverture, toujours en évolution. Il ne s’agit pas d’arriver quelque part, mais de habiter pleinement le chemin.
Un chemin non linéaire… mais libérateur
Ce processus n’est ni rapide ni rectiligne. Il demande du courage, parce qu’il implique de regarder en face ce qui a été longtemps évité : les peurs anciennes, les besoins niés, les parts de soi oubliées.
Mais à chaque pas, une couche de tension se relâche, un vieux schéma se fissure, un espace de liberté s’ouvre.
Ce chemin est libérateur parce qu’il redonne la souveraineté sur votre vie intérieure.
Vous n’agissez plus seulement par peur, par devoir, pour plaire ou éviter un conflit.
Vous commencez à répondre à la vie depuis un lieu de clarté, de cohérence et de présence.
Oser se rencontrer
Se réconcilier avec soi, c’est un choix radical :
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celui d’oser se rencontrer, même dans ses zones d’ombre,
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de choisir l’amour là où il y avait le rejet,
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de poser de la lumière là où il y avait l’oubli.
C’est un choix exigeant — mais c’est le seul qui conduise à une paix durable, une paix qui ne dépend plus des circonstances extérieures, des validations ou des contextes. Une paix enracinée, solide, vivante.
« Ce n’est pas en devenant autre que vous vous transformez. C’est en cessant de vous rejeter tel que vous êtes. »
Vous n’avez rien à réparer. Seulement à rencontrer.
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Vous souhaitez réconcilier les parties en vous qui vous empêchent de vous épanouir...