Et si la cause de votre mal-être n’était pas extérieure, mais liée à des parties de vous que vous avez apprises à rejeter ?
Vous avez coché toutes les cases : carrière, famille, accomplissements personnels. Et pourtant, une sensation étrange persiste. Comme un manque sourd, diffus. Une impression que, malgré tout ce que vous avez, quelque chose vous échappe.
Ce sentiment n’est pas une faiblesse. C’est une invitation profonde. Une soif que la société moderne a tenté de camoufler sous des couches de confort, mais que les grandes traditions spirituelles ont toujours reconnu : la soif d’infini.

Pourquoi rejetons-nous certaines parties de nous-mêmes ?
Nous avons tous, à un moment ou un autre, rejeté une part de nous-mêmes. Ce rejet peut concerner une émotion, une pulsion, un besoin, un souvenir ou même une qualité mal comprise. Ce mécanisme n’est pas une faiblesse : c’est une protection psychique, souvent mise en place dès l’enfance.
Lorsque certaines expériences deviennent trop intenses ou incompréhensibles, notre esprit apprend à les écarter pour éviter la surcharge émotionnelle. Ces zones rejetées, reléguées dans notre inconscient, ne cessent pourtant pas d’exister. Elles se manifestent autrement : sous forme d’anxiété, d’auto-sabotage, de dépendances, de fatigue chronique ou de blocages relationnels.
Les mécanismes de protection dans l’enfance
Le Dr Daniel Siegel souligne que le cerveau d’un enfant est encore immature pour gérer seul la complexité des émotions. Sans accompagnement bienveillant, l’enfant développe des réflexes de repli, de gel ou de déni. Il apprend, pour survivre affectivement, à désavouer certaines parts de lui-même.
Ainsi, la colère devient inacceptable, la tristesse un signe de faiblesse, la joie trop exubérante. Ce qui ne pouvait pas être accueilli a été rangé dans l’ombre, laissant place à un moi socialement acceptable… mais incomplet.
L’amputation émotionnelle : une dissociation invisible
Avec le temps, cette stratégie de survie devient une dissociation : une séparation intérieure où certaines émotions ne sont plus accessibles. Le psychiatre Bessel van der Kolk, dans Le corps n’oublie rien, montre comment les traumas – même subtils – provoquent une fragmentation de l’identité.
Nous devenons des adultes performants mais émotionnellement absents. Capables d’accomplir, de contrôler, mais incapables de sentir pleinement. La joie devient mécanique, la tristesse honteuse, le besoin de lien mal assumé. Nous avons appris à fonctionner sans ressentir.
Les jugements intérieurs : la racine de l’auto-rejet
Ce rejet s’accompagne souvent de jugements intérieurs :
« Je suis trop sensible »
« Je devrais être plus fort »
« Ce que je ressens est ridicule »
Ces voix internes, souvent héritées de notre éducation, créent une division. Elles empêchent l’accueil, renforcent la honte et alimentent l’idée qu’il y aurait en nous quelque chose de “fondamentalement mauvais”.
« La honte est l’émotion qui nous fait croire qu’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais en nous. » – Brené Brown
Fragmentation du soi : l’éloignement de notre vérité
Carl Jung appelait cette zone oubliée « l’Ombre » : toutes les parties de nous refoulées pour paraître aimables ou convenables. Mais à force de jouer un rôle, on s’épuise. Ce que l’on cache finit par nous priver de notre vitalité.
En fuyant certaines parts, nous perdons l’accès à notre puissance authentique, notre créativité et notre capacité à aimer vraiment. On devient dépendant d’un extérieur qui compensera le vide intérieur.
Témoignage fictif : Camille, 34 ans — « J’étais fonctionnelle… mais éteinte »
« J’étais celle sur qui on pouvait toujours compter. Organisée, calme, sans vague. Mais je ne sentais plus rien. Je ne pleurais jamais. Jusqu’au jour où une simple méditation m’a fait fondre en larmes. J’ai compris que je n’avais pas besoin d’être forte, j’avais besoin d’être vraie. »
Quand le corps parle : les conséquences somatiques du rejet
Gabor Maté, dans Quand le corps dit non, révèle que le corps finit toujours par exprimer ce que la psyché a voulu ignorer. Maladies auto-immunes, migraines, fatigue chronique, douleurs inexpliquées… deviennent des messagers silencieux.
« Si vous ne ressentez pas vos émotions, vous les somatiserez. » – Gabor Maté
En l’absence de réconciliation, notre énergie vitale est détournée pour maintenir la division intérieure.
Vers une réintégration : guérir ne veut pas dire changer, mais s’unifier
Se réconcilier avec soi ne consiste pas à devenir quelqu’un d’autre. C’est revenir vers ce qui a été exilé. C’est reconnaître, accueillir, et aimer même ce qui nous effraie en nous-mêmes.
Cela demande de passer :
Du rejet à l’accueil
Du contrôle à la confiance
Du masque à la vulnérabilité
Des approches comme la pleine conscience, l’IFS (Internal Family Systems), ou le Somatic Experiencing nous aident à créer un espace intérieur sûr où toutes nos parts peuvent exister sans être jugées.
🛠️ Encadré pratique : 5 clés pour initier une réconciliation intérieure
Accueillez sans corriger : Autorisez-vous à ressentir sans justifier. L’émotion n’a pas besoin d’être rationnelle pour être entendue.
Faites un scan corporel : Que ressentez-vous dans votre ventre, vos épaules, votre gorge ? Le corps est la porte d’entrée vers l’inconscient.
Nommez vos parts intérieures : Imaginez les émotions comme des personnages intérieurs. Quel âge ont-ils ? Que veulent-ils vous dire ?
Offrez un “oui” d’amour : Chaque émotion refoulée cherche un accueil. Dites “oui” avec douceur. Cela suffit parfois à tout changer.
Entourez-vous : Rejoignez un groupe de parole, trouvez un thérapeute bienveillant. Le lien guérit ce qui a été blessé dans la relation.
La paix vient de l’unification, pas de l’effort
Ce que vous rejetez vous divise. Ce que vous accueillez vous guérit.La réconciliation intérieure, ce n’est pas devenir parfait. C’est devenir entier. Et dans cette unité retrouvée, vous retrouvez votre énergie, votre joie, votre vérité.
Ce chemin n’est ni rapide, ni linéaire. Il demande du courage, car il implique de se confronter à ce que l’on a longtemps évité. Mais il est profondément libérateur. Car il vous redonne la souveraineté sur votre vie intérieure. Il vous permet d’agir non plus par peur, par devoir ou par automatisme, mais à partir d’un lieu de clarté, de cohérence et de présence.
Se réconcilier avec soi, c’est oser se rencontrer, même dans ses failles. C’est choisir l’amour là où il y avait le rejet. La lumière là où il y avait l’oubli. C’est la seule voie durable vers une paix qui ne dépend plus des circonstances extérieures.
« Ce n’est pas en devenant autre que vous vous transformez. C’est en cessant de vous rejeter tel que vous êtes. »
Vous n’avez rien à réparer. Seulement à rencontrer.